Assurance-vie : droit et aspects fiscaux via une holding 

Written by Sylvie Prévillet

Optimiser sa fiscalité grâce à une assurance-vie via une holding patrimoniale constitue une stratégie prisée par les investisseurs pour leur patrimoine. C’est notamment une approche qui permet la transmission intergénérationnelle avec une fiscalité intéressante. 

En intégrant un contrat d’assurance-vie au sein d’une holding, il devient possible de réinvestir les dividendes sans imposition immédiate, de reporter la fiscalité sur les plus-values latentes et d’en structurer les flux financiers. Toutefois, cela exige une justification économique solide afin d’éviter tout abus de droit fiscal. 

Un accompagnement par des experts, notamment d’un avocat spécialisé dans les questions fiscales, est indispensable pour garantir la pérennité et la sécurité juridique de la structure.

Qu’est-ce qu’une holding patrimoniale ? 

Une holding patrimoniale est une société dont la vocation est de détenir et de gérer un portefeuille d’actifs financiers ou immobiliers. Son intérêt est l’optimisation de la gestion patrimoniale, la facilitation de la transmission des actifs et l’accroissement de la capacité d’investissement de ses propriétaires.

En fait, une holding patrimoniale va permettre de mutualiser les ressources financières des sociétés détenues ou des associés, ce qui va alors faciliter : 

  • L’accès à des investissements stratégiques ou de plus grande envergure ;
  • Le réinvestissement des dividendes, sans friction fiscale immédiate, pour accélérer la croissance du patrimoine ;
  • La gestion optimisée des flux financiers provenant de plusieurs entités.

Dans le cadre d’une assurance-vie détenue par une personne morale via une holding, cette structuration permet d’optimiser la trésorerie excédentaire en la plaçant dans un cadre fiscal avantageux. 

Les avantages d’une assurance-vie une holding patrimoniale 

L’intégration d’une assurance-vie au sein d’une holding patrimoniale offre une stratégie d’optimisation patrimoniale et fiscale particulièrement efficace : 

  • Pour la gestion centralisée et diversifiée des actifs en regroupant plusieurs types d’investissements, dont l’assurance-vie ;
  • Pour un effet de capitalisation renforcé avec les produits de l’assurance-vie (intérêts, dividendes, plus-values) qui ne sont pas immédiatement imposables ; 
  • Pour le réinvestissement des rendements avec les gains générés par l’assurance-vie qui peuvent être réinvestis directement dans des projets ou filiales de la holding sans taxation immédiate.

Les rendements générés par l’assurance-vie ne sont pas soumis à une fiscalité immédiate tant qu’aucun rachat n’est effectué, favorisant ainsi un effet de capitalisation renforcé. Aussi, les produits financiers issus du contrat peuvent être réinjectés directement au sein de la holding, facilitant la diversification des investissements et le financement d’autres projets. 

Notamment, les holdings ont des avantages fiscaux bien spécifiques : 

  • Exonération partielle des dividendes perçus grâce au régime mère-fille ;
  • Régime fiscal avantageux pour les plus-values de cession de titres détenus par la holding.

Au sein d’une holding, la transmission patrimoniale va être facilitée : au lieu de transmettre directement un contrat d’assurance-vie, les parts de la holding, intégrant ces contrats, peuvent être progressivement données à des héritiers, avec des décotes fiscales pour minorité ou illiquidité.

Notamment, lors d’une souscription d’un contrat d’assurance-vie par une holding, celui-ci est généralement exclu de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). 

Les 3 cas d’exonération de fiscalité des plus-values en assurance-vie

On utilise souvent le terme « exonération » de manière générique, il s’agit pourtant bien fréquemment d’abattements ou de régimes fiscaux spécifiques et non d’exemption à proprement parler. Il existe 3 cas d’exonération des plus-values de l’assurance-vie, à savoir : 

  • L’exonération après 8 ans avec un abattement annuel de 4 600 € pour un célibataire et 9 200 € pour un couple). Les gains excédant l’abattement restent soumis à l’imposition selon le régime fiscal en vigueur (PFU ou barème de l’IR) ;
  • La transmission successorale : en cas de décès, les capitaux versés dans le cadre de l’assurance-vie peuvent être transmis hors succession, avec une fiscalité avantageuse, notamment pour les bénéficiaires désignés, avec un abattement de 152 500 € par bénéficiaire pour les primes versées avant 70 ans. 
  • La restructuration des actifs patrimoniaux : lorsqu’un contrat d’assurance-vie est intégré à une holding dans le cadre d’une restructuration patrimoniale, les plus-values latentes peuvent bénéficier d’un sursis ou d’un report d’imposition sous certaines conditions, notamment si les titres sous-jacents sont réinvestis.

Structurer une holding et un contrat d’assurance-vie : un montage qui peut être complexe 

La mise en place d’une holding patrimoniale et d’un contrat d’assurance-vie a des avantages bien indéniables, mais son application doit être soigneusement structurée, car cela peut devenir rapidement complexe d’un point de vue juridique, fiscal et administratif. 

  • Holding patrimoniale : le risque de requalification fiscale 

L’administration fiscale peut considérer qu’un contrat d’assurance-vie détenu par une holding relève d’un abus de droit s’il n’existe pas de justification économique claire. La souscription doit démontrer un objectif patrimonial (par exemple la diversification des actifs ou la gestion de trésorerie). 

  • Une fiscalité particulière sur les rachats 

Lorsqu’une holding procède à un rachat total ou partiel d’un contrat d’assurance-vie, les produits perçus sont imposés au taux de l’impôt sur les sociétés (IS), contrairement aux particuliers qui bénéficient d’une fiscalité plus douce.

  • Une gestion administrative plus avancée 

La structuration va demander une comptabilité spécifique afin d’intégrer les contrats dans les comptes de la holding. Des obligations déclaratives renforcées peuvent être nécessaires, notamment sur certaines opérations financières et des flux de trésorerie.

  • La perte des avantages successoraux :

Si l’assurance-vie est détenue par une holding, elle perd son caractère « hors succession » propre aux contrats souscrits par des personnes physiques, ce qui limite les abattements spécifiques (152 500 € par bénéficiaire).

Études de cas et exemples

Voici des études de cas et exemples fictifs d’un montage d’un contrat assurance-vie via une holding patrimoniale avec :

  • Une transmission intergénérationnelle avec un important patrimoine financier et immobilier ; 
  • Une PME utilisant une holding assurance-vie pour gérer sa trésorerie ;
  • Une restructuration patrimoniale avec cession partielle des actifs opérationnels et réorganisation du patrimoine avec la souscription d’une assurance-vie. 
Cas pratiqueSituationMontageAvantages et gains fiscauxLimites et risques
Transmission intergénérationnelleUn couple souhaite transmettre progressivement un patrimoine significatif (financier, immobilier) à leurs enfants sans subir une fiscalité excessive.– Création d’une holding patrimoniale
– Intégration de l’assurance-vie dans la holding
– Transmission progressive des parts de la holding aux enfants, avec application de décotes
– Départements sur la valeur des parts (minorité, illiquidité)
– Optimisation des droits de mutation
– Effet de capitalisation renforcé de l’assurance-vie et réinvestissement des revenus sans imposition immédiate.
– Montage plus complexe à mettre en place
– Risque de requalification fiscale si le montage est considéré comme artificiel.
PME et trésorerie excédentaireUne PME (via sa holding) génère une trésorerie excédentaire et souhaite la placer de façon rentable, sans fiscalité immédiate, afin de financer des projets de croissance.– Souscription d’un contrat d’assurance-vie par la holding
– Capitalisation des revenus financiers (intérêts, dividendes, plus-values) sans imposition tant qu’aucun rachat n’est effectué
– Réinvestissement direct dans la PME ou d’autres filiales.
– Report de l’imposition, renforcement du capital sans fiscalité immédiate
– Utilisation de la trésorerie excédentaire comme levier pour la croissance externe, l’innovation, l’investissement
– Imposition sur les produits au taux de l’IS lors des rachats
– Justification économique nécessaire (diversification, gestion de trésorerie, etc.)
Restructuration patrimonialeUne entrepreneuse souhaite réorganiser son patrimoine, apporter des titres à une holding, intégrer une assurance-vie pour optimiser la gestion globale et différer l’imposition sur les plus-values latentes.– Apport de titres à la holding (sursis ou report d’imposition sur les plus-values)
– Souscription d’une assurance-vie par la holding pour capitaliser les rendements
– Réinvestissement des produits financiers dans le portefeuille de la holding
– Possibilité de report d’imposition sur les plus-values latentes (sous conditions)
– Effet de capitalisation des revenus d’assurance-vie sans fiscalité immédiate
– Flexibilité accrue dans la gestion des actifs
– Risque de requalification fiscale si l’administration considère le montage comme dépourvu de justification économique
– Complexité juridique et comptable plus élevée
– Perte du régime hors succession de l’assurance-vie détenue via une holding

photo sylvie

Sylvie Prévillet

Véritable passionnée du monde de l'entreprise, de la finance et du droit, je tiens ce blog avec plaisir. Je vous fais part de mes trouvailles lors de ma veille et vulgarise les sujets techniques. SI vous avez des questions, n'hésitez pas à me contacter.

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